Année de la Mer 2025 : l’économie bleue circulaire s’impose
2025 restera dans les annales comme l’année où l’océan est passé du statut de ressource exploitée à celui d’écosystème à préserver d’urgence. Entre effondrement de la biodiversité, pression sur les écosystèmes et mobilisation internationale inédite, l’Année de la Mer a mis la France et l’Europe face à une réalité brutale : nos modèles économiques littoraux doivent se réinventer. Au cœur de cette transformation : l’économie bleue circulaire, qui transforme les coproduits en ressources, réduit le gaspillage et bâtit des filières résilientes. Retour sur une année charnière et sur les innovations qui dessinent l’avenir des territoires côtiers.
Une mobilisation sans précédent
En 2025, la France a fait de l‘ « Année de la Mer » un véritable catalyseur de prise de conscience autour de l’océan. Des centaines d’événements labellisés ont ponctué le territoire, avec en point d’orgue l’accueil à Nice de la 3ᵉ Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC 3), co-organisée avec le Costa Rica.
Cette séquence, la plus grande conférence jamais organisée sur l’océan, a rassemblé 175 États, scientifiques, ONG et acteurs économiques, et débouché sur une déclaration politique et un plan d’action fixant un cap commun : mieux protéger les écosystèmes marins et orienter l’économie bleue vers plus de durabilité. Sur le plan national, l’Année de la Mer a rappelé le rôle stratégique de l’économie bleue pour les territoires littoraux : emplois dans la pêche et l’aquaculture, la construction navale, le tourisme côtier, mais aussi dans les nouvelles filières de la bioéconomie marine.
Si la mobilisation a été exceptionnelle, le bilan reste néanmoins contrasté. Les ONG soulignent le décalage entre les annonces et la réalité : une grande partie des aires marines dites « protégées » demeure ouverte à la pêche industrielle, le texte adopté à Nice n’a pas la portée contraignante d’un traité international et le seuil de ratifications nécessaires pour l’entrée en vigueur de l’accord sur la haute mer n’a pas encore été atteint. L’Année de la Mer 2025 apparaît ainsi comme un jalon important qui a posé le cadre et enclenché une dynamique, mais qui doit encore se traduire en transformations structurelles.
Les enjeux écologiques révélés
L’Année de la Mer a mis en pleine lumière l’érosion critique de la biodiversité marine. Les populations d’espèces marines ont diminué en moyenne de 56% depuis 1970, et en France 41% des espèces sont exploitées à un niveau non durable (WWF France). Les signaux d’alerte se multiplient : recommandation d’une baisse historique de 70% des quotas de maquereau en Atlantique Nord-Est pour 2026, interdiction de la pêche à la sardine en 2025 dans plusieurs zones du Portugal, de la France et de l’Espagne pour préserver des stocks déjà fragilisés.
Le réchauffement des océans fragilise la résilience même des écosystèmes littoraux : 44% des coraux bâtisseurs de récifs, essentiels à la biodiversité et à la protection des côtes, sont aujourd’hui menacés d’extinction. Dans le même temps, les espèces invasives comme les sargasses atteignent des niveaux de biomasse exceptionnels – jusqu’à 37,5 millions de tonnes estimées en Atlantique – et viennent polluer durablement les côtes caribéennes et ouest‑africaines. Au total, environ 18 000 espèces marines seraient menacées de dégradation ou de disparition. Face à ces constats alarmants, une évidence s’impose : chaque ressource marine compte. C’est tout l’enjeu de l’économie bleue circulaire.
L’économie bleue circulaire en action
Dans ce contexte, l’économie bleue circulaire s’est imposée comme thème central de l’Année de la Mer 2025. Selon le Plan Bleu pour la Méditerranée, il s’agit d’« une économie peu polluante, efficace dans l’utilisation des ressources et basée sur des modes de consommation et de production durables ». Elle vise à transformer les déchets et coproduits en ressources valorisables, créer de nouvelles opportunités économiques et améliorer la résilience des territoires littoraux.
L’enjeu est important. Les coproduits marins représentent 40 à 60% des volumes transformés (France AgriMer) : déchets de filetage, sous-produits d’aquaculture, chutes de transformation. En France, environ 51 800 tonnes sont aujourd’hui sous-valorisées (transformation en farine alors qu’elles pourraient nourrir l’humain, source ADEME), soit une perte de valeur estimée à 414 millions d’euros (Source : livre blanc 2025, Fonds Anti Gaspi). Face à ces gisements peu ou pas exploités, des acteurs comme Upcyclink développent des solutions alternatives et innovantes.
En parallèle, la France a lancé en 2023 une feuille de route nationale pour développer la filière algues, qui s’inscrit pleinement dans cette dynamique. Cette stratégie vise à structurer le secteur des micro-algues, macro-algues et spiruline, en reconnaissant leur potentiel économique et environnemental dans les domaines pharmaceutiques, cosmétiques, alimentaires, agricoles (biofertilisants, biostimulants), énergétiques et de bioremédiation.
De l’innovation à l’industrialisation : 4 initiatives concrètes
- SOBRE® : l’unité mobile qui relocalise la valorisation
Lauréat du dispositif Inno Expé Sobriété de la Région Bretagne, le projet SOBRE® incarne cette révolution territoriale. Développée par Upcyclink et Le Garrec SAS, cette unité mobile de bioraffinerie transforme les coproduits de poissons, algues, fruits ou légumes directement sur site, avec une capacité de 1,4 tonne par semaine.
Solution plug-and-play, SOBRE® permet aux industriels de valoriser leurs agro-résidus en ingrédients à haute valeur ajoutée (nutrition humaine, animale, végétale) sans contrainte logistique ni investissement lourd. Mise en service en juillet 2024, l’unité incarne les principes de l’économie circulaire : valorisation intégrale (objectif zéro déchet), relocalisation (réduction des émissions de transport), et accessibilité (essais pilotes en conditions réelles). Initialement testée dans la filière des produits de la mer en Bretagne, SOBRE® est conçue pour être déployable à l’échelle européenne.
- PROMALG-HEALTH : quand les algues bretonnes nourrissent l’hôpital
Financé par l’ANR France 2030, le projet PROMALG-HEALTH, porté par l’Université de Bretagne Occidentale (laboratoire LEGO) et l’Université Bretagne Sud (laboratoire de Biotechnologie et Chimie Marines), explore les macroalgues comme sources de protéines pour la restauration hospitalière du CHU de Brest. Les algues, cultivées en Bretagne par France Haliotis, sont transformées en recettes attractives par l’entreprise Bord à Bord. L’expertise d’Upcyclink intervient sur une phase clé : adapter les procédés de laboratoire vers des volumes pilotes et produire des extraits algaux prêts à être industrialisés.
- CHITALPACK : les crevettes emballent le futur
Porté par l’ADRIA Développement, CHITALPACK illustre la valorisation des coproduits de crustacés. Le projet vise à développer un emballage alimentaire durable à base de chitosan extrait des carapaces de crevettes — un coproduit abondant de l’aquaculture. Ce biopolymère naturel, biodégradable et aux propriétés antimicrobiennes, offre une alternative crédible aux plastiques conventionnels. Objectif : démontrer la faisabilité technique et économique d’une filière d’emballages biosourcés issus de la mer.
- FEAMPA Innovation : le levier financier
En juillet 2025, la France a lancé un appel à projets national dédié à l’innovation dans la transformation et la commercialisation des produits de la mer. Ce dispositif cible notamment la valorisation des coproduits et sous-produits, en encourageant le développement de nouveaux produits, procédés innovants et solutions numériques pour optimiser les chaînes de valeur.
Et maintenant ? Transformer l’élan en impact durable
L’Année de la Mer 2025 aura posé des jalons essentiels. Mais la véritable transformation repose sur la capacité collective à maintenir cette dynamique dans la durée.
Face à la raréfaction des ressources marines et à l’érosion de la biodiversité, la valorisation optimale de chaque biomasse marine devient un impératif écologique, économique et social. Il ne s’agit plus seulement de réduire le gaspillage, mais de repenser les chaînes de valeur. Upcyclink, expert en valorisation des coproduits marins ou terrestres, accompagne cette transition à chaque étape : de la R&D collaborative au passage à l’échelle pilote, puis à l’industrialisation. Avec son unité mobile SOBRE®, ses procédés écoresponsables et son expertise en bioéconomie locale, nous accompagnons la structuration de filières durables créatrices de valeur partagée.
Vous générez des coproduits marins ou agricoles ? Explorez leur potentiel de valorisation avec nos solutions sur-mesure !


