Comment valoriser ses coproduits ? Les stratégies efficaces

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Dans notre précédent article « Déchets, coproduits, sous-produits : de quoi parle-t-on ?« , nous avons clarifié les distinctions entre ces différents termes et présenté le cadre réglementaire qui s’y applique. Nous allons maintenant nous intéresser aux différentes stratégies permettant de valoriser ces coproduits et d’en faire de véritables opportunités économiques pour les entreprises agroalimentaires.

 

Chaque année, l’industrie agroalimentaire française génère d’importantes quantités de coproduits. Selon l’enquête Réséda de 2017 [1], le volume de coproduits issus des principales industries agroalimentaires en France a été estimé à 12,1 millions de tonnes de Matière Sèche, soit une augmentation de 2 Mt par rapport à l’enquête de 2008 [2]. Ces matières représentent à la fois un défi de gestion quotidien et une opportunité économique sous-exploitée.

 

La hiérarchie des modes de valorisation : un cadre décisionnel structuré

 

La directive européenne 2008/98/CE établit une hiérarchie précise pour la valorisation des matières, privilégiant les options qui préservent au maximum leur valeur. Cette pyramide de valorisation constitue un guide stratégique pour prioriser les actions selon les secteurs agroalimentaires.

 

L’alimentation humaine : le potentiel économique le plus élevé

 

La valorisation en alimentation humaine représente l’option économiquement la plus rentable. Selon l’étude de Caldeira et al. [3], cette approche contribue directement à la réduction du gaspillage alimentaire, un enjeu majeur pour l’industrie. En effet, les céréales, fruits et légumes sont identifiés comme responsables des plus grandes quantités de déchets alimentaires dans l’Union Européenne.

 

Upcyclink a développé une expertise particulière dans ce domaine, en accompagnant notamment l’entreprise Vives-Eaux, spécialisée dans la transformation de produits de la mer. Le projet visait à valoriser 100% des 3000 tonnes de poisson transformées annuellement, en récupérant la chair pour la vendre sur le marché de la pulpe et fabriquer des plats préparés comme des brandades ou des boulettes de poisson.

 

L’alimentation animale : une solution éprouvée avec un ROI rapide

 

L’alimentation animale constitue souvent la première étape d’une stratégie de valorisation en raison de sa relative simplicité de mise en œuvre et de l’existence de filières structurées. Selon l’enquête Réséda [1], l’alimentation animale valorise environ 9,3 Mt de MS, soit 76% du tonnage des coproduits générés en France [2].

Comme le souligne Chapoutot et al. [2], « à partir du moment où un coproduit est destiné à l’alimentation animale, il devient une matière première pour l’alimentation animale et doit en respecter la réglementation ».

 

Le projet Saumup, mené par Upcyclink en collaboration avec Saumextra, illustre parfaitement cette approche. Ce projet vise à valoriser les coproduits issus de la transformation du saumon (peaux, têtes, etc.). L’atelier génère 120 tonnes/an de coproduits à faible valeur ajoutée (farine). L’objectif est d’adapter les processus existants pour que les coproduits de filetage puissent être recyclés, en partie comme ingrédients pour la consommation humaine et en partie comme produits pour animaux de compagnie.

 

Valorisation énergétique et agronomique : des alternatives complémentaires

 

En l’absence d’autres débouchés, les agro-résidus peuvent être utilisés pour produire de l’énergie via la méthanisation ou la combustion. Selon Réséda (2017), seulement 3% du tonnage de coproduits est destiné à des valorisations énergétiques (méthanisation, combustion).

La valorisation matière, comme la transformation en fertilisants naturels ou en biomatériaux, offre également des solutions intéressantes. D’après Chapoutot et al. [2], 6% du tonnage est destiné à des valorisations agronomiques (épandage, fertilisation, compostage).

 

Upcyclink propose une approche « zéro déchet » qui intègre également la valorisation des coproduits en alimentation végétale, complétant ainsi la pyramide de valorisation : nourrir l’homme, puis les animaux, et enfin les plantes et les sols.

 

Méthodologie pratique pour élaborer une stratégie de valorisation efficace

Pour maximiser la valeur des coproduits, les entreprises doivent adopter une approche méthodique qui prend en compte plusieurs critères clés.

 

Cartographier les coproduits disponibles

Avant d’envisager une solution de valorisation, il est essentiel d’évaluer précisément les coproduits disponibles :

 

  • Quantifier précisément les volumes de coproduits générés
  • Analyser leur composition (protéines, fibres, lipides, micronutriments)
  • Évaluer leur stabilité et les contraintes de conservation

 

Cette analyse permet d’identifier les voies de valorisation les plus adaptées. Comme le souligne Chapoutot et al. |2], la composition chimique des coproduits varie fortement selon les familles botaniques et les traitements technologiques appliqués, ce qui influence leur valorisation potentielle.

 

Upcyclink commence systématiquement par un audit des coproduits et des études de marché démontrant le potentiel économique du projet.

 

Évaluer la rentabilité économique

Une solution de valorisation doit être économiquement viable pour l’entreprise. Cette évaluation implique de :

  • Comparer les coûts d’élimination aux coûts de valorisation
  • Identifier les marchés et débouchés existants
  • Calculer le retour sur investissement à court et long terme

Upcyclink réalise des études de faisabilité technique et économique sur les voies de valorisation sélectionnées, permettant de présenter un business case solide pour la prise de décision.

 

Intégrer les contraintes opérationnelles et réglementaires

La mise en place d’une solution de valorisation doit être adaptée aux contraintes industrielles et ne pas perturber le process existant. Les investissements nécessaires, la complexité opérationnelle et la compatibilité avec la production actuelle sont des facteurs déterminants.

Par ailleurs, toute stratégie de valorisation doit respecter le cadre légal et les attentes des parties prenantes, notamment les réglementations sanitaires et environnementales. Depuis janvier 2024, l’obligation de tri à la source des biodéchets s’applique à tous, quels que soient les volumes et l’activité des producteurs/détenteurs, renforçant la nécessité d’une gestion optimisée des coproduits.

 

Prendre en compte les risques sanitaires potentiels

Selon Chapoutot et al.[2], trois types de risques doivent être pris en compte lors de la valorisation des coproduits : le risque biologique (bactéries, mycotoxines), le risque chimique (métaux lourds, PCB, dioxines) et le risque physique.

Les coproduits humides, notamment de l’industrie des fruits et légumes ou de l’industrie laitière, sont les plus sensibles aux contaminations bactériennes. À l’inverse, les coproduits séchés ou granulés présentent généralement un faible taux de contamination microbienne.

La présence de mycotoxines peut être observée dans certains coproduits de céréales, notamment les coproduits du maïs et du bioéthanol, ce qui nécessite une vigilance particulière lors de leur utilisation en alimentation animale.

 

Mettre en place le nouveau processus de valorisation

L’implémentation d’une stratégie de valorisation nécessite une approche progressive :

 

  • Tester à petite échelle avant de déployer à grande échelle
  • Former les équipes aux nouveaux processus
  • Mettre en place des indicateurs de suivi pour mesurer les résultats

 

Upcyclink conçoit et réalise l’ingénierie des installations de valorisation, effectue des tests pilotes pour valider le processus et les produits finaux selon les cahiers des charges des acheteurs identifiés.

 

Solutions innovantes pour la valorisation sur site

Upcyclink se distingue par son approche de valorisation sur site, qui permet aux entreprises de traiter leurs coproduits directement sur leur lieu de production. Cette approche présente plusieurs avantages :

 

  • Réduction des coûts de transport et des émissions associées
  • Meilleure préservation de la qualité des matières premières
  • Flexibilité pour tester différentes voies de valorisation
  • Contrôle total sur la chaîne de valeur

 

L’unité de traitement SOBRE® développée par Upcyclink est une solution clé en main qui permet aux producteurs de mettre en place une unité de traitement des coproduits sur leur site ou à proximité. Cette approche décentralisée répond parfaitement aux enjeux actuels de l’économie circulaire et de la réduction de l’empreinte environnementale.

 

 

Conclusion

La valorisation des coproduits agroalimentaires représente un enjeu stratégique pour les industriels. En adoptant une approche structurée et en privilégiant les usages à forte valeur ajoutée, les entreprises peuvent transformer une contrainte en opportunité économique et environnementale.

Comme le souligne Chapoutot et al. [2], les coproduits représentent « un facteur de compétitivité vis-à-vis des importations françaises de protéines, notamment de soja » et ont « un faible impact environnemental comparativement aux autres aliments ».

Pour les responsables R&D ou production, cette démarche offre un moyen concret de justifier des investissements auprès de leur direction, avec des preuves tangibles de rentabilité et d’impact positif. À mesure que les régulations européennes deviennent plus strictes, l’optimisation de l’utilisation des coproduits devient non seulement un avantage compétitif, mais une nécessité pour s’inscrire pleinement dans l’économie circulaire de demain.

 

 

Références :

 

[1] Réséda. (2017). Gisements et valorisations des coproduits des industries agroalimentaires. Rapport d’étude.

 

[2]Chapoutot, P., Rouillé, B., Sauvant, D., & Renaud, B. (2019). Les coproduits de l’industrie agro-alimentaire : des aliments de qualité à ne pas négliger. INRA Productions Animales, 32(2), 167-184. https://doi.org/10.20870/productions-animales.2019.32.2.2504

 

[3]Caldeira, C., De Laurentiis, V., Corrado, S., van Holsteijn, F., & Sala, S. (2019). Quantification of food waste per product group along the food supply chain in the European Union: a mass flow analysis. Resources, Conservation and Recycling, 149, 479-488. https://doi.org/10.1016/j.resconrec.2019.06.011

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