L’araignée de mer Atlantique, une envahisseuse à valeur
Depuis plusieurs années, la grande araignée de mer Atlantique envahit les côtes normandes et bretonnes avec un phénomène de prédation sur les moules de bouchot. A tel point que plusieurs dispositifs pour contrer ce phénomène sont expérimentés. Parallèlement, la valorisation de ce décapode aux multiples composés d’intérêt permet de créer des produits à forte valeur ajoutée pour différents marchés et pourrait être une solution pour renforcer la résilience face aux conséquences du réchauffement climatique.
L’araignée de mer Maja brachydactyla
L’araignée de mer est un crabe de la famille des Majidés dont les plus connus sont la Maja squinado (Méditerranée) et la Maja brachydactyla (Atlantique du nord-est). Très prisée pour sa chair, elle peut mesurer jusqu’à 25 cm de long et 18 cm de large et peser de 250 g à 3 kg. Elle croît par mues successives. Sa carapace est fortement bombée et arrondie, elle se caractérise par des bandes latérales équipées de cinq grandes dents épineuses. Son dos est doté d’épines plus petites tandis que son rostre porte deux fortes pointes divergentes. Ses longues pattes se terminent par une forte griffe.
On rencontre la Maja brachydactyla dans les eaux de l’Atlantique Nord-Est, Manche, Mer du nord. En septembre-octobre, les adultes migrent au-delà de 50 mètres de fond puis se dirigent vers le large pour hiverner. En mars, l’araignée remonte entre la surface et 50 mètres et se rapproche des côtes pour y rester tout le printemps et l’été.
L’araignée de mer se nourrit d’abord de plancton, puis elle consomme des organismes fixes ou peu mobiles : moules, , gastéropodes , oursins, étoiles de mer, petits crustacés, algues et poissons morts.
L’araignée de mer bénéficie d’une protection par la Convention de Berne. Sa prise est réglementée (en taille et quantité) pour les pêches professionnelles et de loisirs.
La prolifération de l’araignée de mer sur les côtes bretonnes et normandes
Depuis plusieurs années la Maja brachydactyla envahit les côtes bretonnes et normandes avec un phénomène de prédation sur les moules de bouchot. Les pertes de production des mytiliculteurs ont augmenté chaque année et atteignent désormais des records (jusqu’à 70% de la production).
Pour contrer ce phénomène, les mytiliculteurs ont obtenu l’autorisation préfectorale de piéger l’envahisseur par filet ou casier et de le relâcher au large. Mais cette technique n’a pas eu d’effet sur le phénomène, l’envahisseur revenant sans relâche sur les parcs à moules.
Face à la persistance du phénomène, un protocole scientifique établi par IFREMER a été lancé en février 2023 pour mieux comprendre le phénomène de prolifération et rechercher des dispositifs d’effarouchement. En effet, l’araignée de mer est craintive des vibrations et bruits. L’été dernier un test d’effarouchement sonore a donc été réalisé sur les côtes de la Manche. Des vibrations et bruits de chaînes montées sur des petits chalutiers ont permis de faire fuir les araignées de mer par grande marée. Le test s’est avéré positif : même s’il n’élimine pas totalement la prédation, il atténue fortement la présence de l’araignée. Les travaux scientifiques dans le cadre de ce protocole sont toujours en cours.
La valorisation de l’araignée de mer
Directement dans l’assiette
L’araignée de mer est très consommée en Espagne où elle est vendue autour de deux euros le kilo. Reine des plateaux de fruits de mer, ou en plat principal, c’est un produit qui se vend surtout en halles à marée et criées en France. On retrouve l’araignée sous forme vivante, ou cuite.
Autres valorisations
La chair de l’araignée
Riche en protéines, sa chair fine apporte très peu de lipides, essentiellement composés d’acides gras omega-3. Elle peut être récupérée et conditionnée sous forme de pulpe congelée pour intégrer de nombreuses recettes de plats préparés (tartes, gratins, salades, rouleaux de printemps, etc.). L’araignée est également une excellente source de minéraux et oligo-éléments et apporte notamment cuivre, zinc, sélénium et phosphore.
La carapace de l’araignée
La carapace de l’araignée de mer est également source de composés d’intérêt : protéines, calcium marin, chitine, astaxanthine.
Upcyclink développe des procédés qui permettent de les valoriser (concentrés, poudres, arômes,…) en produits à haute valeur ajoutée pour les marchés du bien-être (exemple : chitosan) , de la beauté (exemple : astaxanthine) , de l’alimentation humaine (exemple : poudre de calcium, arômes, concentré de protéines), de l’alimentation animale (feed, petfood), de la pêche (appétents).
Il existe donc des solutions et perspectives intéressantes de valorisation de l’araignée invasive. Alors que le réchauffement climatique entraine dans des mêmes zones la prolifération de la Maja brachydactyla et la raréfaction d’autres espèces marines (bulot par exemple), cette valorisation prend tout son sens pour renforcer la résilience face au changement climatique.
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