Quel est l’impact d’El Niño sur l’économie bleue ?

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Le phénomène climatique El Niño est officiellement de retour, a confirmé l’Organisation météorologique mondiale (OMM) en juillet dernier. El Niño apparaît tous les deux à sept ans environ pour une période de 9 à 12 mois et perturbe les secteurs de l’agriculture et de la pêche. Zoom sur ce phénomène et ses impacts sur l’économie bleue.

 

 

 

Qu’est-ce que « El Niño » ? 

Selon Météo France, El Niño, qui veut dire L’enfant (Jésus) , était à l’origine, pour les pêcheurs péruviens, un phénomène se produisant chaque année aux environs de Noël et se traduisant par un courant marin chaud au large des côtes du Pérou et de l’Équateur mettant fin à la saison de pêche. Puis le terme a désigné les cas « anormaux » où ce courant devient plus chaud, descend plus au sud jusqu’au large des côtes du Chili et correspond en outre à des anomalies de température dans l’ensemble du bassin oriental et central du Pacifique équatorial.

Les conditions météorologiques d’El Niño entraînent généralement de fortes précipitations – voire des inondations – en Amérique du sud, plus de cyclones dans le Pacifique et de fortes sécheresses en Australie et en Asie du sud. Son pic est atteint entre novembre et janvier.

 

 

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Comment El Niño affecte-t-il les ressources marines ? 

Comme l’indique l’espace des sciences, l’Oscillation Australe conduit à un bouleversement des conditions hydrologiques dans le Pacifique tropical dont les conséquences sur les ressources marines ne sont pas encore toutes connues ; elles portent sur la biologie des populations de poissons (reproduction, survie des oeufs et des larves), mais aussi sur leur répartition géographique (étendue et déplacement) et bathymétrique (profondeur des masses d’eaux fréquentées).

 

En temps normal, un phénomène connu sous le nom de « upwelling »(remontée d’eau) fait remonter les eaux fraîches et riches en nutriments des profondeurs de l’océan. Il permet notamment le développement d’un stock d’anchois qui peut dépasser 15 millions de tonnes au large du Pérou. L’anchois a en effet besoin d’eaux côtières froides pour se développer. Lorsque le phénomène El Niño se produit, ce processus de remonté d’eau est interrompu. La population d’anchois ne peut survivre que si elle trouve une zone refuge, sinon elle disparaît.

 

Une eau trop chaude le long des côtes limite aussi le phytoplancton, ce qui réduit la quantité de nourriture pour certains poissons et entraine leur déplacement vers des zones plus riches en proies planctoniques (jusqu’à 2500 km de déplacement par exemple pour le thon tropical).

 

 

La pénurie d’anchois en 2023  

Les conditions d’El Niño ont provoqué l’annulation de la première saison de pêche au Pérou (avril-mai), les pêches exploratoires successives ayant montré une trop forte présence de juvéniles, c’est-à-dire de jeunes anchois de moins de 12 cm.

En l’absence de la première campagne de pêche 2023, la production d’anchois péruviens n’atteindra pas les 2,8 millions de tonnes de l’année dernière. Or la quasi-totalité de ces anchois est transformée en huile riche en Oméga-3 et en farine destinée aux élevages de poisson et d’animaux, un secteur mondial qui dépend à 20 % du Pérou.

 

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L’impact sur les marchés de farine et d’huile de poisson  

La production totale cumulée de farine de poisson au cours des 8 premiers mois de 2023 a baissé d’environ 28% par rapport à la production cumulée déclarée jusqu’en août 2022 a indiqué l’IFFO (Fishmeal and Fish Oil Organization). Le facteur prédominant contribuant à cette baisse doit être attribué à la diminution de 70 % en glissement annuel au Pérou. En ce qui concerne l’huile de poisson, la production cumulative totale au cours des 8 premiers mois de 2023 était en baisse de 24% en glissement annuel, selon l’IFFO.

 

En raison de cette pénurie de farine et d’huile de poisson, les prix des aliments pour animaux aquatiques devraient rester soutenus jusqu’à la fin de l’année.

Cette année, l’offre de farine de poisson va diminuer de plus de 500 000 tonnes et le prix de la farine de poisson péruvienne, actuellement de 2 000 dollars la tonne, devrait bientôt augmenter, selon M. Nikolik, senior global seafood specialist chez Rabobank. L’huile de poisson connait une flambée des prix : 5500 dollars la tonne au premier semestre 2023 contre 1800 dollars au premier semestre 2021.

 

Un second semestre 2023 difficile pour l’aquaculture 

Avec El Niño qui fait grimper les prix des farines de poisson, le second semestre 2023 devrait être la période la plus difficile pour l’aquaculture mondiale depuis le pic de la pandémie de Covid en 2020, selon Rabobank. Ces difficultés touchent particulièrement l’aquaculture chinoise qui s’approvisionne en farine de poisson à hauteur de 50 % sur le marché sud-américain.

 

 

 

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L’analyste de Rabobank, indique par ailleurs à Fish Farming Expert, que la farine et l’huile de poisson péruviennes sont certifiées en matière de développement durable. « Les acheteurs à la recherche d’alternatives ne pourront pas les trouver, ce qui aura un impact sur les engagements de durabilité de l’ensemble de la chaîne de valeur de l’aquaculture ».

 

Quelles perspectives pour la filière ?

On peut se référer aux années précédentes, notamment à 2014, une année El Nino très marquée.

« Ce qui s’est passé ensuite est intéressant. De 30 à 60 % de la biomasse de l’anchois péruvien est récoltée la plupart des années. En 2014, cela s’est traduit par une biomasse très importante au cours de la saison suivante et un quota de 2,5 millions de tonnes, dont 97 % ont été pêchés. Il est probable qu’une situation similaire se produise cette fois-ci », explique M. Nikolik.

 

Toutefois, prévient Arnaud Bertrand, chercheur à l’IRD (Institut de recherche pour le développement), à moyen et long terme, la filière doit se préparer à la « fin de l’eldorado péruvien de l’anchois », qui prévoit un effondrement de la population d’anchois au large du Pérou, sous la pression du changement climatique.

 

Cette raréfaction de la ressource devrait conforter l’utilisation de résidus et de sous-produits de la pêche dans la production et de farine et d’huile de poisson et donner un élan aux entreprises qui développent des ingrédients alternatifs pour l’aquaculture, tels que les farines d’insectes, les protéines unicellulaires ou les huiles d’algues.

 

 

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L’OCDE  (Organisation pour la Coopération et le Développement Economique) et la FAO (Food and Agricultural Organization) prévoient qu’en 2032, la production mondiale de farine et d’huile de poisson pourrait atteindre respectivement 5,4 Mt et 1,3 Mt (en poids de produit), ce qui correspond à une croissance de 4,0 % et 11 % par rapport à la période de référence. En raison de leur prix élevé, les farines et les huiles de poisson devraient être utilisées de manière sélective à des stades spécifiques de la production, notamment pour les écloseries, les stocks de géniteurs et les régimes de finition, car elles sont considérées comme les ingrédients les plus nutritifs et les plus digestes pour les poissons d’élevage.

 

 

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Figure: Share of fishmeal and fish oil obtained from fish residues (source: OECD/FAO (2023), ”OECD-FAO Agricultural Outlook”)

 

Upcyclink, la solution de valorisation des coproduits marins

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Upcyclink répond également aux besoins des acheteurs, avec des produits alternatifs qualifiés en termes de durabilité, qualité, pureté, traçabilité.

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